Accueil A la une Augmentations salariales dans le secteur privé : Une lueur d’espoir dans un contexte de crise

Augmentations salariales dans le secteur privé : Une lueur d’espoir dans un contexte de crise

Alors que la Tunisie connaît une situation d’instabilité politique, économique et sociale, la conclusion d’un accord relatif aux négociations sociales dans le secteur privé pourrait calmer la tension qui accompagne le début de la nouvelle année.

L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) a annoncé samedi la signature, avec l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), d’une convention sur l’augmentation des salaires dans le secteur privé au titre de 2022, 2023 et 2024.

Cet accord stipule une augmentation du salaire de base et des primes mensuelles à caractère général et constant dont bénéficient tous les salariés des entreprises inscrites dans la convention sectorielle paritaire. Ainsi, les deux parties ont convenu d’attribuer aux employés dans les secteurs soumis aux conventions sectorielles paritaires qu’elles ont signées une augmentation du salaire de base de l’ordre de 6,5% au titre de l’année 2022, laquelle sera appliquée sur le salaire au titre de l’année 2019, et sera mise en vigueur à partir du 1er décembre 2021 et une augmentation des salaires de 6,75% au titre de l’année 2023, appliquée sur le salaire de l’année 2022 et mise en vigueur au 1er janvier 2023.

En vertu de cette convention, le salaire des employés concernés va augmenter de 6,75% au titre de l’année 2024 (appliquée sur le salaire brut de l’année 2023 et mise en vigueur à partir du 1er janvier 2023). En outre, les primes mensuelles constantes et générales dont bénéficient tous les salariés des entreprises inscrites dans la convention sectorielle paritaire vont augmenter de 6,75% au titre de l’année 2022 et de 6,75% aux titres des années 2023 et 2024.

Notons également que cette convention vient en concrétisation de l’accord signé, le 19 septembre 2018, entre les deux organisations professionnelles, selon les textes de cette convention. Les prochaines négociations vont démarrer avant la fin du mois d’octobre 2024 pour réviser les conventions sectorielles paritaires, soit au niveau procédural ou financier, avec l’engagement de ne pas revendiquer n’importe quelle augmentation de salaires ou une demande ayant une répercussion financière durant la période de l’application de cette convention.

Il s’agit donc de la surprise qu’avait promise Noureddine Taboubi aux travailleurs du secteur privé. «Une surprise attend les salariés du secteur privé, l’Ugtt déploie tous les efforts pour garantir leurs droits tout en prenant en considération la situation des entreprises mais aussi la détérioration du pouvoir d’achat des salariés», a-t-il déclaré, laissant croire que tous les droits des travailleurs et employés de ce secteur sont protégés.

Sous tension

Cet accord qui intervient dans un contexte de crise vient officialiser le retour à la normale entre les deux grandes organisations nationales. Encore faut-il le rappeler, les relations entre l’Ugtt et l’Utica n’étaient pas, ces derniers mois, au beau fixe. Les négociations sociales étaient même suspendues plusieurs mois avant de reprendre il y a quelque temps. Il faut rappeler aussi que ces négociations avaient été suspendues durant la crise pandémique avant de reprendre en mars dernier.

En effet, les négociations qui ont abouti à un important résultat intervenaient dans un contexte de tension entre les deux organisations. Et pour cause, un malentendu au sujet des augmentations salariales et des droits des travailleurs. En résumé, l’Ugtt avait accusé l’Utica de manquement à ses obligations et ses engagements envers les travailleurs. Mais pour le patronat, on ne pouvait même pas évoquer des augmentations dans ces circonstances que traverse le pays.

Au fait, un froid polaire s’était installé depuis plusieurs mois entre les deux plus grandes organisations nationales. D’ailleurs, au sujet des droits des travailleurs, le contact avait été rompu immédiatement après la signature d’un accord-cadre en septembre 2018 entre les deux structures, depuis aucune communication entre les deux parties n’a eu lieu.

Cette tension qui s’était installée a même pris la tournure d’une guerre de déclarations entre les dirigeants des Centrales syndicale et du patronat.

Qu’en est-il des négociations dans le secteur public ? Pour le moment, tout est au point mort, alors que la tension entre le gouvernement et l’Ugtt est déjà palpable. Si la première réunion entre les deux parties, il y a un mois, était prometteuse, les négociations sociales dans le secteur public ont été reportées, en attendant de nouvelles réunions techniques entre La Kasbah et l’Ugtt.

Mais le gouvernement semble avoir déjà annoncé la couleur. Il s’agirait d’une prochaine période d’austérité pour pouvoir répondre aux exigences budgétaires alors que l’Etat fait face à d’énormes pressions financières.

Crise et dégradation du pouvoir d’achat

Au cœur d’un contexte de crise sociale, cet accord stipulant ces augmentations dans le secteur privé constitue une lueur d’espoir dans la grisaille. Car les Tunisiens sont sanctionnés par une crise sociale et économique étouffante. Une crise marquée surtout par la dégradation de leur pouvoir d’achat, victime de l’inflation et de la hausse des prix des produits de consommation parfois inexpliquée.

Cette nette détérioration du pouvoir d’achat des Tunisiens s’explique selon les économistes par d’énormes pressions budgétaires auxquelles font face les ménages tunisiens avec des revenus, pour certains extrêmement limités.

Sauf que ces pressions s’expliquent à leur tour par la multiplication des dépenses et l’apparition de nouveaux modes de consommation. Il n’en demeure pas moins que les prix des produits de consommation ont connu durant cette dernière décennie une nette hausse, pour certains les prix ont triplé et quadruplé en l’espace de quelques années. Un constat amplifié par la faible augmentation des salaires restés pratiquement figés depuis plusieurs années en dépit des négociations sociales engagées.

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3 Commentaires

  1. saad fethy

    11 janvier 2022 à 12:41

    Les retraités n’ont pas droit à une augmentation des pensions vue qu’ils font partie des consommateurs dont le pouvoir d’achat a été détériorer d’une manière très significative

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    • Rouissi Lotfi

      6 mars 2022 à 11:48

      pour quand l’augmentation des salaires des retraités et encore où est passée la tranche des augmentations salariales dans le secteur privé pour les affiliés CNSS impayée à ce jour et notre gouvernement fait la sourde oreille et la retenue de 1% sur les salaires des retraités toujours applicable celà fait mal au coeur . et puis les retraités ne sont ils pas concernés par la hausse des prix? ce n’est pas de l’aumône que nous demandons mais c’est un droit. et puis Mr Nourredine taboubi est à la tête de l’UGTT pour nous défendre n’est ce pas? je vous prie de transmettre cette requête à Mr Taboubi où alors à quoi sert de laisser un commentaire .

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  2. Sami Ben Youssef

    11 octobre 2022 à 16:30

    Et prendre en considération le barème (tableau) des salaires UGTT pendant le calcul des pensions de divorce selon un nouveau barème (Tribunal) en pourcentage, entre 1% et 30% du salaire net, afin d’éviter les conflits avec l’ancien tableau (Tribunal) de calcul de la pension de divorce avec prix datés de 1950!

    Corriger, dédommager les deux personnes divorcées en envoyant trois offres (Tribunal), et après on prendra un avocat!

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